SPECTŌ

SPECTŌ est une installation immersive qui questionne la dynamique du regard et la perception de soi dans un monde hyperconnecté. À travers un parcours de fenêtres suspendues, le spectateur devient à la fois observateur et sujet d'observation. Des séquences vidéo représentant des moments du quotidien réagissent à la présence du spectateur, créant une expérience qui évolue de l'inconfort à la confrontation directe. En inversant les rôles, SPECTŌ met en lumière le voyeurisme, l’exposition de soi et l’impact de l’observation sur ce que l’on perçoit et vit.

SPECTŌ invite à une réflexion sur le regard que l'on porte sur les autres et l’image que l’on choisit de montrer quand on sait qu’on est observé. Dans un espace clos, plongé dans l’obscurité et délimité par des rideaux noirs, plusieurs cadres de fenêtres de différentes tailles sont suspendus au plafond, créant une illusion de flottement et de profondeur dans la pièce rectangulaire. L’installation dévoile d'abord une sorte de couloir sinueux entouré de cadres suspendus, sur lesquels on retrouve des projections de silhouettes furtives colorées qui se déplacent, disparaissent et réapparaissent momentanément. Ces ombres anonymes évoquent les multiples existences parallèles qui cohabitent dans un même espace urbain, rappelant à quel point nous sommes entourés d’inconnus dont nous ne percevons qu’un aperçu fragmenté. En s’approchant de ces fenêtres, des visages qui semblent regarder l’interacteur apparaissent, dévoilant la dualité de l’observation.

Au bout de ce corridor, on mène ultimement à une fenêtre plus imposante devant laquelle pointe un faisceau de lumière. Cette fenêtre principale présente les images les plus significatives de l’installation: des scènes du quotidien d’un inconnu dans son chez-soi. Autour de cette fenêtre centrale, des cadres plus petits sont disposés de sorte à l’encercler, montrant les mêmes projections de silhouettes furtives colorées. À distance, les spectateurs peuvent observer les scènes projetées sur la fenêtre principale comme s’ils regardaient discrètement la vie de quelqu’un.

Les séquences vidéo de la fenêtre principale s’enchaînent de manière aléatoire, représentant des moments anodins du quotidien. Lorsqu’un des spectateurs s’approche pour scruter la fenêtre de plus près, le contenu projeté réagit à sa présence et déclenche une gradation de réactions dans la scène projetée. Plusieurs séquences vidéo issues de différents stades de réactions sont enchaînées en gradation, de sorte à créer une expérience de plus en plus intense et renouvelable au fil du temps passé devant le cadre de fenêtre.

Cette interaction suit une progression en quatre étapes : d’abord, un léger changement dans l’attitude du personnage filmé, comme une hésitation subtile, une tension presque imperceptible. Ensuite, on observe une prise de conscience plus marquée, où l’individu à l’écran semble percevoir qu’il est observé. On voit le tout escalader en action plus dramatique où le personnage semble s’adresser directement au spectateur. Enfin, les rôles sont renversés et l’interacteur a désormais le point de vue de l’individu dans la fenêtre - sa propre silhouette devient le sujet de l’œuvre.